Ebenezer voit le jour en 2006, mais l’aventure commence bien avant…
Je m’appelle Julieth. J’ai perdu mon père à l’âge de 4 ans. Peu de temps
après, j’ai dû quitter ma mère, alors extrêmement pauvre et, par con-
séquent, incapable de s’occuper de moi. J’ai grandi avec ma grand-mère
et ai travaillé durant la majorité de mon adolescence. Après avoir fini
l’école primaire, je n’ai pas pu aller au collège. Je devais travailler pour ma
grand-mère et, de ce fait, vendre de l’alcool fait maison, tandis que mon
oncle m’utilisait pour dealer de la marijuana. A cette periode, on ne me
nourrissait presque pas à la maison. Mes cousins me frappaient, au point
où je me suis enfuie chez une amie. Après quelques temps, ma grand-
mère m’a demandé de revenir. J’ai accepté avec comme condition de ne
pas avoir à vendre de l’alcool et de la marijuana. Nous avions donc un
accord.
J’ai alors commencé à vendre des fruits. Je les achetais pas chers et
ajoutais quelques schillings au prix de base. Cette petite affaire a bien
marché car j’ai pu économiser de l’argent chaque année. En 2004, j’ai ren-
contré un professeur et son épouse. Ils ont décidé de financer mes
études afin que je puisse exercer le même métier qu’eux. Je serai toujours
reconnaissante de ce qu’ils ont fait pour moi. Après avoir fini mes études
en 2006, je savais exactement ce que j’allais faire.
J’ai grandi avec rien. Je n’avais pas de parents, presque pas de quoi de
me nourrir ou m’habiller. Je ne voulais pas que d’autres enfants connais-
sent le même sort. J’ai alors décidé de créer un orphelinat et une école.
J’ai commencé par louer deux chambres, très petites. L’orphelinat a débuté
avec trois enfants. Quelques semaines plus tard, nous en avions sept.
Nous vivions tous ensemble dans une seule chambre. L’autre chambre
servait de salle de classe.
En 2007, j’ai été mise en contact avec ART Tanzania, une organisation cari-
tative locale. Deux volontaires venant d’Angleterre, Sal et Jen, m’ont beau-
coup aidé durant les premiers mois. Ils ont trouvé notre garçon Amidiwe
dans la rue et me l’ont emmené. Il habite ici depuis plus de sept ans main-
tenant. Barbara et Louis, deux autres volontaires, ont aussi aidé à faire
avancer les choses, dont le paiement du loyer des chambres pour une année.
Avec l’aide de ma grand-mère, nous avons acheté un terrain et avons con-
struit ce qu’on appelle aujourd’hui The Ebenezer Orphanage and Nursery.
Barbara et son mari sont revenus pour le visiter.
Julieth Saiguran Kivuyo